Tu connais Yuzma-yuz ? Peut-ĂȘtre que tu as dĂ©jĂ croisĂ© un de nos recruteurs dans la rue, avec son t-shirt et sa tablette. Peut-ĂȘtre mĂȘme que tu as pris le temps dâĂ©changer, de tâinformer⊠ou de devenir donateur. Mais connais-tu lâhistoire derriĂšre tout ça ? đ
Ă lâoccasion des 4 ans de Yuzma-yuz, on tâemmĂšne dans les coulisses avec une interview exclusive de Bobur Abdusatarov, le fondateur de lâagence. Face Ă Nabil, notre chargĂ© de comâ, il revient sur ses dĂ©buts sur le terrain, les galĂšres, les bons souvenirs, la crĂ©ation de Yuzma-yuz⊠et tout ce quâon ne voit pas forcĂ©ment quand on parle de la collecte de fonds en face-Ă -face. đŹ
Si tu veux comprendre ce mĂ©tier pas comme les autres, dĂ©couvrir nos valeurs ou peut-ĂȘtre mĂȘme nous rejoindre un jour, tu es au bon endroit. Câest parti ! âŹïž

D’oĂč vient le nom « Yuzma-yuz » ?
Bobur Abdusatarov :
Yuzma-yuz signifie âface-Ă -faceâ en ouzbek. Jâai voulu faire un clin dâĆil Ă mes origines tout en rappelant le cĆur de notre mĂ©tier : 99 % de notre travail se fait en face-Ă -face avec les passants.
Comment as-tu découvert la collecte de fonds ?
Bobur :
Par hasard. En 2012, jâai croisĂ© une Ă©quipe en centre-ville Ă Caen et jâai posĂ© quelques questions. Comme beaucoup, je pensais que câĂ©tait du bĂ©nĂ©volat. Mais jâai dĂ©couvert que câĂ©tait un mĂ©tier encadrĂ© avec des agences, des formations, des entretiens⊠Jâai commencĂ© avec lâassociation AIDES (lutte contre le SIDA), et je ne mâattendais pas du tout Ă en faire une carriĂšre. đ
Quels sont les métiers dans la collecte de fonds en face-à -face ?
Bobur :
Il y a plusieurs niveaux :
- Les RD (Recruteurs de Donateurs), qui sont la vitrine de l’association reprĂ©sentĂ©e, c’est le fondement mĂȘme du mĂ©tier de la collecte de fonds en face Ă face.
- Les RE (Responsables dâĂquipe), ce sont les rĂ©fĂ©rents terrain des Ă©quipes. Ils forment, encadrent et organisent le travail dâune Ă©quipe de 5 Ă 10 recruteurs.
- Et les RP (Responsables de Programme) ou ChargĂ©s OpĂ©rationnels de Terrain, qui organisent les entretiens d’embauche, supervisent la formation initiale et enfin suivent les Ă©quipes tout au long des missions.

De terrain Ă fondateur : comment as-tu pris ce virage ?
Bobur :
AprĂšs avoir Ă©tĂ© recruteur de donateurs pendant 2 ans, j’ai demandĂ© Ă Ă©voluer en tant que RE (avec une formation obligatoire Ă©videmment), puis responsable de programme, ou j’Ă©tais notamment en charge du dĂ©veloppement des missions dans les dĂ©partements d’outre-mer. Suite Ă ces multiples expĂ©riences enrichissantes, j’ai dĂ©cidĂ© de lancer Yuzma-yuz en 2021, en pleine pĂ©riode post-Covid. Pour l’anecdote d’ailleurs, pour notre premiĂšre mission, on a commencĂ© en Martinique, pendant un couvre-feu. â
Au dĂ©part, on Ă©tait spĂ©cialisĂ©s uniquement dans les missions en Outre-mer. Aujourdâhui, on intervient autant en DOM-TOM quâen mĂ©tropole (50/50). On compte une quarantaine de personnes, dont 5 RE et 2 chargé·es opĂ©rationnels terrain â qui sont un peu les « responsables des responsables ».
En crĂ©ant Yuzma-yuz, tu tâes Ă©cartĂ© du terrain, non ?
Bobur :
Bah… Pas vraiment, mĂȘme si on pourrait le croire. Pour les premiĂšres missions, jâai choisi dâĂȘtre sur place comme responsable dâĂ©quipe. Et aujourdâhui encore, dĂšs que jâen ai lâoccasion, jâenfile le t-shirt et je rejoins les Ă©quipes sur le terrain. Lâan dernier, par exemple, jâĂ©tais Ă La RĂ©union pendant une semaine. Je faisais du recrutement tous les jours, sur les spots avec les Ă©quipes. đ

Comment choisissez-vous les associations partenaires ?
Bobur :
Chaque annĂ©e, les associations lancent des appels dâoffres. On y rĂ©pond avec nos propositions. En fonction de nos projets, elles dĂ©cident si elles souhaitent travailler avec nous. Aujourdâhui, cinq associations partenaires nous font confiance. đ€

Petit jeu : vrai ou faux ?
Les meilleurs recruteurs sont ceux qui parlent le plus.
Vrai et Faux. Ăvidemment, quelqu’un qui parle bien, qui a « la tchatche » comme on dit, c’est un atout, mais il faut surtout savoir surtout structurer son argumentaire pour ne pas perdre son temps sur le terrain. đŹ
La collecte de fonds en face-Ă -face est dĂ©passĂ©e Ă lâĂšre numĂ©rique.
Faux. Câest lâhumain qui prime. Le numĂ©rique aide, mais ne remplace pas. đ
Yuzma-yuz nâopĂšre quâen outre-mer.
Faux. Depuis 2024, on est aussi en mĂ©tropole avec des missions itinĂ©rantes. â
Il faut ĂȘtre touchĂ© par la cause pour bien collecter.
Pas nĂ©cessairement. Il faut la comprendre, la respecter, mais garder assez de recul pour ne pas prendre les refus dans la rue personnellement. Il faut surtout connaitre parfaitement l’objet social de l’association. đ
La météo influence les résultats.
Indirectement. Moins de passants = moins dâopportunitĂ©s. Mais la motivation reste clĂ©. C’est un travail qui est assez mathĂ©matique. Plus on va dire « Bonjour » aux gens, plus on va avoir une chance de tomber sur les personnes qui ont un peu de temps qui peuvent ĂȘtre sensible Ă la cause qu’on dĂ©fend. âïž
Recruteur de donateurs est un job transitoire.
Faux. Câest un vrai mĂ©tier avec des Ă©volutions possibles : CDD, CDI, responsabilitĂ©. đ
Le ânonâ est plus formateur que le âouiâ.
Vrai. Chaque ânonâ apprend Ă mieux faire, Ă s’amĂ©liorer, Ă persĂ©vĂ©rer. đ
Quand j’Ă©tais Ă©tudiant, si on m’avait dit un jour « tu seras gĂ©rant d’une sociĂ©tĂ© de recrutement de donateurs », j’aurais rĂ©pondu « mais je ne sais pas ce que c’est… » C’est une belle preuve que recruteur de donateurs est un mĂ©tier ouvert Ă beaucoup de personnes.

Quel regard portes-tu sur l’Ă©volution du mĂ©tier de recruteur de donateurs depuis plusieurs annĂ©es, et le secteur de la collecte de fonds en face Ă face ?
Bobur :
Câest un secteur encore mĂ©connu. La plupart des gens pensent quâil sâagit de bĂ©nĂ©voles dans la rue â câest exactement ce que je croyais moi aussi, au tout dĂ©but. Le mĂ©tier en lui-mĂȘme n’a pas Ă©voluĂ©, car le cĆur du job reste le mĂȘme, c’est-Ă -dire d’aller Ă la rencontre des passants, prĂ©senter une association, et proposer de soutenir l’association de maniĂšre rĂ©guliĂšre et mensuelle.
Je ne pense pas que ça va vraiment changer dans les annĂ©es Ă venir. C’est un mĂ©tier ou l’humain est au centre, on ne peut pas remplacer les RD par des robots dans la rue. MĂȘme s’il est important de prĂ©ciser qu’il y a d’autres maniĂšres de faire des dons aujourd’hui, sur internet, ou par SMS, mais c’est des canaux qui marchent peut-ĂȘtre un peu moins bien que le face-Ă -face. đČ
En revanche, le domaine a Ă©voluĂ©, et s’est professionnalisĂ©. On peut parler de la CNFF (Coordination Nationale du Face Ă Face), qui est une structure qui coordonne les campagnes de collecte de fonds en face Ă face en France et dans les dĂ©partements d’Outre-Mer, pour Ă©viter que plusieurs agences de collecte ne se retrouvent dans la mĂȘme ville au mĂȘme moment. Ce qui serait contre-productif pour les associations, pour les recruteurs, pour les passants, bref ça peut ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able pour tout le monde.
Il y a aussi une autre Ă©volution, avant, on faisait 95% de notre mĂ©tier dans la rue, alors qu’aujourd’hui, on le fait Ă©galement dans les centres commerciaux, on peut le faire dans les dĂ©partements d’outre-mer. Donc voilĂ , le domaine Ă©volue, mais le mĂ©tier est restĂ© le mĂȘme.
Quel est le conseil que tu aurais aimé recevoir quand tu as commencé ?
Bobur :
Quand j’ai commencĂ© ce mĂ©tier, j’Ă©tais un peu timide, et je n’osais pas trop… J’avais l’impression de dĂ©ranger les gens. Si je devais donner un conseil aujourd’hui c’est de tout simplement OSER. C’est-Ă -dire sortir de sa zone de confort. Les gens aujourd’hui sont vraiment habituĂ©s Ă croiser des associations dans la rue, ils savent en gĂ©nĂ©ral pourquoi on est lĂ . Donc en tant que recruteur de donateurs, il ne faut pas hĂ©siter Ă aller Ă la rencontre des gens, Ă multiplier les « bonjours ». đ
Un moment marquant depuis la création de Yuzma-yuz ?
Bobur :
LâarrivĂ©e de Yuzma-yuz en mĂ©tropole en 2024, aprĂšs trois ans dâactivitĂ© uniquement en Outre-Mer. Un vrai tournant. La plupart des agences font lâinverse : elles commencent en mĂ©tropole, puis vont dans les DOM-TOM. Nous, on a fait lâinverse. Et ça a payĂ©. â

4 ans de Yuzma-yuz : tu ressens quoi quand tu y penses ?
Bobur :
4 ans… C’est passĂ© tellement vite, mais Ă la fois, je me rappelle encore des premiĂšres prospections pour travailler avec nos premiĂšres associations partenaires. Il y a eu beaucoup de travail, de dĂ©placements entre les dĂ©partements d’Outre-Mer. On a commencĂ© Ă 6-7 salariĂ©s, aujourd’hui, on se retrouve Ă 40.
Je suis content… MĂȘme fier d’avoir rĂ©ussi ce « pari » d’avoir commencĂ© par les Outre-mer et revenir en mĂ©tropole. Je m’en souviens encore… Je partais de chez moi en prenant mon t-shirt, mon badge et je disais « Bon bah, je pars 5 semaines en mission », donc oui ça fait drĂŽle. đ
Et dans 4 ans ?
Bobur :
On souhaite garder une croissance maĂźtrisĂ©e, Ă taille humaine. On fait trĂšs attention aux appels d’offres auxquels on participe, on a cet avantage de vouloir et pouvoir rester Ă taille humaine.
đ Dernier jeu bonus
Un recruteur ne part jamais sansâŠ
Sa tablette (et sa gourde !)
Un bon recruteur, câest avant toutâŠ
Quelquâun qui sait parler.
La clĂ© pour quâun passant sâarrĂȘte ?
Ătre drĂŽle, si on est drĂŽle, il y a plus de chances que les gens rigolent et s’arrĂȘtent par la suite.
Un mot de fin pour les personnes qui hĂ©sitent Ă devenir RD ? â Et pourquoi pas rejoindre lâaventure Yuzma-yuz ?
Bobur :
Yuzma-yuz est une structure Ă taille humaine, une quarantaine de personnes qui travaillent en mĂ©tropole et dans les territoires d’outre-mer. On a en interne des anciens, comme des nouveaux, donc toutes les personnes peuvent postuler.
S’il y’a des gens qui veulent s’engager sur la durĂ©e dans la collecte de fonds, c’est envisageable chez nous, mais on est aussi ouvert pour les personnes qui souhaitent faire une mission ponctuellement, Ă©galement les Ă©tudiants qui recherchent un travail pour l’Ă©tĂ©, c’est possible aussi.
Le mĂ©tier de recruteur de donateurs peut s’adapter Ă tout le monde. Je vous invite Ă regarder sur notre site internet, vous pourrez retrouver notre calendrier avec l’ensemble de nos missions.
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